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Ces féministes, les éternelles insatiables

Ces féministes, les éternelles insatiables

Vous l’avez surement remarqué, mercredi 15 avril 2020, de 8h à 21h, certaines de vos amies ont troqué leurs photos de profil pour un carré noir. Ce n’était évidemment pas arboré par de nombreuses femmes sans raison et ce n’était pas un challenge, comme on en voit plusieurs sous ce confinement. Vos amies ont simplement pris part du blackout féministe mondial. 

Il s’agit d’un mouvement en ligne pour dénoncer les féminicides et les violences faites aux femmes. Un message a circulé dans les inbox de plusieurs femmes les invitant à faire disparaître leurs photos de profile et les ternir dans l’objectif de montrer à quoi ressemblerait le monde sans femmes.

« DEMAIN, BLACK OUT FÉMININ, DE 8 HEURES À 21 HEURES. C’EST UN MOUVEMENT POUR MONTRER CE QUE LE MONDE POURRAIT ÊTRE SANS LES FEMMES. VOTRE PHOTO DE PROFIL DEVRAIT ÊTRE JUSTE UN CARRÉ NOIR POUR QUE LES HOMMES SE DEMANDENT OÙ SONT LES FEMMES. PASSEZ-LE SEULEMENT AUX FEMMES… C’EST POUR UN PROJET CONTRE LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES. CE N’EST PAS UNE BLAGUE, PARTAGEZ-LE. »

Un constat amer 

En 2017, selon l’ONU, 87 000 femmes ont été tuées. 58 % d’entre elles ont été tuées par un partenaire intime ou un membre de la famille… des meurtres à la suite de violences conjugales, torture, massacre misogyne, assassinat au nom de “l’honneur”, meurtre ciblé dans le contexte des conflits armés, assassinat lié à la dot des femmes, mise à mort en raison de l’orientation sexuelle, assassinat systématique de femmes autochtones, fœticide et infanticide, décès à la suite de mutilations génitales, meurtre après accusation de sorcellerie et d’autres meurtres sexistes associés aux gangs, au crime organisé, au narcotrafic, ou encore à la traite des personnes et à la prolifération des armes légères…

En 2020, dans le contexte du confinement, ces chiffres ont explosé, d’une manière autant horrible qu’exponentielle. C’est un fléau mondial. En Tunisie, depuis l’instauration du confinement, les violences conjugales ont multiplié par 7.

Selon le ministère de la femme, des enfants et des séniors, une tunisienne est violentée toutes les 45 minutes. Un chiffre alarmant auxquelles les femmes font face, dans la plupart des cas, seules. 

Encore des mots, rien que des mots

Si de son côté, le ministère a mis en place un dispositif d’alerte via un numéro vert, 1899, que l’Association tunisienne des femmes démocrates ainsi que l’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement ont à leur tour communiqué des numéros d’écoute et d’orientation pour les femmes victimes, sur terrain, ce n’est clairement pas suffisant. 

Alors si vous trouvez que les féministes n’arrêtent pas leurs jérémiades c’est parce que oui les dispositifs législatifs se multiplient mais que non le tabou est loin d’être brisé et l’impunité continu d’être reine de ce virus plus meurtrier que toutes les pandémies qu’a vu le monde, plus appelé communément « sexisme ».

Les numéros fournis sont submergés, trop souvent injoignables et n’offrent rien de plus qu’une assistance psychologique gratuite par téléphone, alors qu’il est nécessaire d’éloigner les bourreaux de leurs victimes. Les centres d’hébergements des victimes/survivantes ne peuvent pas accueillir ces femmes par peur de contagion. On entend des promesses de mettre en place un centre d’hébergement par le ministère mais rien de concret, plus d’un mois après le confinement. Les policiers, et s’ils répondent aux appels ne semblent pas conscient de la gravité de la situation. Apparemment, il faut qu’on sotte d’une fenêtre pour qu’ils s’en rendent compte.

Rien que des promesses mais jamais une réelle politique de protection et de stratégie pour l’éradication de la violence à l’encontre des femmes et des enfants. L’impunité des bourreaux est belle et bien vraie. 

Le patriarcat, cette pandémie de tous les temps

Vos concitoyennes sont pétrifiées et enragées mais, du moins, une partie d’entre elles ont décidé de hurler leur rage. « Le patriarcat nous tue, dès notre naissance… » vous disent-elles. Si les femmes s’insurgent de la sorte, ce n’est pas pour que vous vous sentiez agressé, ni pour que vous vous victimisez mais pour que vous vous rendiez compte de votre rôle et responsabilités. Ce n’est pas une guerre contre les hommes, c’est une guerre contre les bourreaux. Il est temps que nos concitoyens prennent conscience de leur privilège d’homme et qu’ils commencent à en user de façon à changer le monde en luttant contre ces injustices. 

La gente féminine est humiliée, discriminée et violentée, à la télé, à la radio, dans les journaux, aux écoles, dans les syndicats, en milieu professionnel, dans les rues… et le sang coule à flot. Sont-elles des demi-citoyennes ? Leurs vies sont-elles si insignifiantes ? Comment ose-t-on s’acharner contre elles ?

En écrivant ce papier, aucune expression, aucun mot ne semble pouvoir dresser le portrait de cette situation, mais un constat: si le sang qui coule des corps féminins ne vous indigne pas, vous êtes visiblement infecté et ce virus est en train de bouffer votre humanité. Soyez rassuré, ça se soigne et il n’est jamais trop tard pour se dresser contre ces injustices, cette brutalité et ces abus.

Amal Bint Nadia

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